11 Nov Plus encore que les guerres, les grandes épidémies ont marqué l’histoire du Monde
« Plus encore que les guerres, les grandes épidémies ont marqué l’histoire du Monde.
Leurs conséquences démographiques ont modifié les rapports de force au sein des pays, mais il convient de noter que le rapport des hommes avec leur propre spiritualité a aussi été impacté.
Aujourd’hui, alors que nous étions pétris de certitudes, habitués à nous croire détenteurs d’une certaine forme de maitrise des choses et du temps, voilà qu’un fléau viral devient mondial et nous renvoie à notre condition d’hommes soumis à une sorte de dictat de l’infiniment petit : en 2020, le monde a perdu ce qui lui restait d’insouciance…
Alors que l’Europe est à l’heure du re-confinement l’impact de la pandémie du Covid 19 sur l’économie mondiale est déjà mesurable et diffère selon les secteurs d’activité.
Il est un secteur que je connais mieux que les autres : celui de la Finance, étant au bénéfice de plus de 25 ans d’expérience dans le secteur bancaire, la gestion d’actifs et le capital-investissement.
Les équipes du re- structuring ou risque ont connu une hausse de leur charge de travail et cela s’explique puisque leur rôle consiste à modifier de manière significative les aspects financiers et opérationnels d’une entreprise confrontée à des pressions financières dans le but de limiter autant que possible le préjudice encouru.
La réduction des coûts peut permettre à une entreprise de se re-structurer au sens propre du terme en passant par une diminution de sa masse salariale, ou une réduction de sa taille induite par la vente d’actifs.
L’audit a aussi tiré parti de la crise.
Ce sont les transactions en fusion-acquisition et private equity qui ont été mises à l’arrêt ainsi que le secteur du conseil qui a été impacté par le confinement.
Si l’on s’en tient aux banques, l’impact est non seulement financier mais également humain. Les résultats financiers d’HSBC par exemple ont accusé une chute de 57% de leur bénéfice net au premier trimestre, mais le plan de restructuration a également été repris prévoyant 35’000 suppressions de postes dans le monde.
Le secteur du Private Equity jauge l’impact de la crise comme devant durer au moins jusque fin 2021 anticipant des réductions pouvant aller jusqu’à 70% de leur chiffre d’affaires.
Un autre constat global est celui qui souligne l’accélération de la digitalisation au service du client pour les entreprises du secteur financier.
En témoigne la plateforme de messagerie sécurisée Symphony, utilisée notamment par BNP Paribas ou Crédit Suisse, qui a ainsi enregistré une hausse de 500% des taux d’utilisation depuis le début de la crise.
Il en va de même du logiciel de visio-conférence Zoom, qui a connu un grand succès et est devenu un outil de travail incontournable.
Le digital devrait conserver une place plus importante dans le quotidien des financiers notamment dans les banques privées : les clients semblent avoir apprécié les bonnes habitudes adoptées pendant le confinement d’où une nécessité accrue pour les gérants de patrimoine de parfaire leur expérience digitale pour rester compétitifs face à certains de leurs concurrents.
Les réseaux sociaux ont fonctionné plus que jamais.
Doit-on s’en féliciter ou en craindre les « effets secondaires » ? Toujours friands de petites phrases assassines voire de « bons gros mots », ils font tourner en boucle les commentaires venimeux et mises en cause vitriolées. Les événements récents en France démontrent s’il en était encore besoin, qu’ils peuvent aussi être vecteurs de haine et incitatifs à la barbarie. Caisse de résonnance du côté obscur de l’Homme, ils se font l’écho démultiplié d’invectives diverses et de commentaires désobligeants. Les injures et autres propos fielleux se répandent, polluant notre environnement numérique aussi sûrement qu’une marée noire de produits non dégradables et salissant durablement notre environnement social.
Il y a donc fort à parier que notre survie, indépendamment des aspects sanitaires, passera aussi par l’institution d’une « écologie » de la communication .. Il serait sage de commencer à y penser dès à présent.
Les technologies de contrôle, mises au service de la volonté de juguler la pandémie suscitent un certain questionnement et une inquiétude : certains y voient le spectre de pratiques des pouvoirs autoritaires visant à affaiblir les démocraties. Peut-être aussi faut il revoir le sens de nos institutions…
Le confinement qui s’annonce à nouveau peut peut-être inciter à la réflexion et nous aider à revisiter l’idée de ce qu’il convient d’appeler le « Monde d’avant » … pour mieux préparer celui d’après» .