Pourquoi le XXIe siècle sera le siècle du cerveau

Les prodigieux progrès de la recherche dans le domaine du cerveau et les promesses qui en découlent ont fait dire à certains scientifiques que le XXIème siècle serait celui du cerveau.

C’est un des sujets qui me tient particulièrement à coeur, raison pour laquelle notre Fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont Tonnerre apporte son soutien à la collaboration internationale dans le domaine des sciences du cerveau menée conjointement par le SWC et l’ELSC.

Je trouve fascinant de devoir lui reconnaitre le rôle essentiel d’assurer la bonne marche de nos fonctions vitales (rythme cardiaque, mobilité, motricité, prise de décision, mémoire, conscience, langage…)

Organe le plus important du corps humain, pesant près d’1.3 kg, il est le centre de contrôle du corps humain, gestionnaire de toutes nos actions et inactions, puisqu’il prend part d’une façon ou d’une autre à notre conjugaison personnelle des verbes penser, rêver, bouger, dormir.

Par ailleurs, toutes nos actions et la perception que l’on en a, ont un commencement et une fin qui les inscrivent dans une notion d’espace-temps.

Le cerveau amène cette perception des actions dans le champ de la conscience et la met en perspective simultanément dans l’histoire et dans l’historique de chacun : les rythmes cérébraux sont le reflet de cette parfaite synchronisation.

Il agit comme une sorte de processeur en constante interaction avec le reste du système nerveux, qui reçoit et envoie des messages rendant possible une communication ininterrompue entre notre « moi » et le monde extérieur.

Quand il y a dysfonctionnements de ce processeur on parle de maladies neurodégénératives, terme scientifique qui regroupe les troubles médicaux identifiés comme touchant les neurones eux-mêmes éléments de base du système nerveux qui comprend le cerveau et la moelle épinière.

L’une des particularités de ces neurones tient au fait qu’ils ne se divisent pas et ne se renouvellent pas : lorsqu’ils sont endommagés ou meurent c’est irréversible.

Les maladies de Parkinson, d’Alzheimer et de Huntington figurent parmi les plus tristement connues.

Toutefois, la neuroscience poursuit ses avancées : la compréhension de la cause et de la manière dont ces neurones meurent, ainsi que la découverte des cellules souches neurales dans le cerveau capables de se diviser pour former de nouveaux neurones, ont induit de nombreuses applications cliniques instillant l’espoir de contrer les dommages de notre système nerveux induits par les AVC et les lésions de la moelle épinière.

Les premiers clichés du cerveau vivant ne datent que de la fin du XIXème siècle.

– Grâce à l’imagerie il est devenu naturel de « voir en direct le cerveau penser ». L’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) est née de la conjonction des performances de l’informatique et des avancées de la recherche en biologie/physique/chimie. Le scanner est désormais un examen banal. L’IRM a cela de révolutionnaire, qu’elle permet de relier l’activation de certaines zones de notre cerveau à des états de conscience. Qui voit mieux, est en mesure de mieux soigner : les images en 3D permettent aux praticiens non seulement d’examiner les lésions et autres tumeurs mais aussi de détecter d’éventuels dommages précoces causés par un AVC et partant, de leur adapter des traitements appropriés.

– Le séquençage du génome humain quant à lui date de 2001, produit d’un siècle de travaux en biologie cellulaire et moléculaire, et la thérapie génique suscite de nombreux espoirs. Des gènes pathologiques ont été identifiés pour des maladies telles que celles d’Alzheimer ou de Parkinson, permettant aux neurobiologistes de comprendre les mécanismes et ainsi suggérer des traitements ciblés pour ceux que Jean de La Fontaine appelait les « fous du cerveau » dans sa fable Le meunier, son fils et l’âne.

– Les scientifiques parlent aussi de « plasticité » pour définir le processus selon lequel le cerveau modifie ses connexions pour appréhender des situations nouvelles. L’étude de ce processus conduit à comprendre comment l’apprentissage et la mémoire fonctionnent et est synonyme d’espoir pour en stopper le déclin.

– La découverte récente de molécules qui conditionnent le développement du système nerveux a permis d’appréhender certains troubles comme l’infirmité motrice cérébrale : un problème identifié peut être résolu .. et ces avancées peuvent nous permettre d’espérer la naissance de nouvelles stratégies propres à restaurer certaines lésions, voire certains défauts de développement embryonnaire des fonctions du cerveau ou de la moelle épinière .

La convergence des travaux et recherches menés de par le monde fait émerger des thérapies spectaculaires.

Nous sommes tous dans l’espoir que ces travaux débouchent sur de nouveaux diagnostiques et des thérapies adaptées, voire même qu’ils permettent de prévenir certaines pathologies en identifiant précisément des facteurs de risques pour y apporter les parades nécessaires.

Ces travaux et recherches sont multidisciplinaires et ont d’ores et déjà permis d’améliorer de façon significative les traitements de maladies telles que la sclérose en plaque, les AVC, les troubles de la démence et les addictions.

Mais le cerveau reste un organe fragile et quand on sait que c’est une vie riche en évènements et activités diversifiés qui est la plus adaptée pour conserver et améliorer nos facultés, que sa stimulation passe par un réseau social et des activités culturelles variées, il est à souhaiter que 2021 nous permette de reprendre très vite un cours de nos vies qui soit favorable à la mise en pratique de ces consignes.

André Gide posait un autre diagnostique sonnant comme une mise en garde : « Le coeur dès qu’il s’en mêle engourdit et paralyse le cerveau… »

Mais ça, c’est un autre débat …