Si vous cherchez le mal parmi les hommes vous le trouverez ; si vous cherchez le bien, vous le trouverez aussi

Créer une Fondation c’est vouloir servir une cause d’intérêt général en lui consacrant un patrimoine financier, mais aussi une partie de son temps, son expérience, son réseau. C’est vouloir donner une plus grande résonnance à un ou plusieurs sujets de vie qui nous interpellent et nous tiennent à coeur et s’engager à les promouvoir en soutenant certains projets qui nous paraissent significatifs.

Notre Fondation Jean-François et Marie-Laure de Clermont Tonnerre créée en 2009 a été inspirée par l’initiative dans les années 1960 d’une poignée d’hommes conscients de l’urgente nécessité de ne pas dissocier la Vie de l’évolution de la Terre

Remettons les choses dans le contexte de l’époque : nous sommes en 1960, l’atomisme est entré dans l’histoire et a fait ses terribles preuves, la course à l’armement est ouverte, la politique s’en mêle.

Les biologistes s’émeuvent et manifestent leurs inquiétudes face aux avancées de la Science qui ouvrent le champ des possibles d’une destruction par détournement d’armes chimiques, biologiques, microbiennes ..etc..

Sont mis en perspective la Vie et l’Histoire, l’Homme dans l’Histoire de la Vie, la Science – et notamment la biologie – dans l’Histoire des Hommes et est mise en exergue la notion capitale de la responsabilité de l’Homme envers lui-même et sa descendance. Il parait clairement établi que l’évolution technique de notre civilisation scientifique en absence de garde fous pourrait remettre en cause le destin de l’Homme. En d’autres termes la prise de conscience est réelle du fait que la science n’apporte pas seulement à l’homme bien être et protection : les transformations qu’elle induit et les pouvoirs immenses qui en découlent en font un générateur de dangers voire de risques pour la vie. Un dialogue pédagogique doit être instauré entre les savants et les hommes. Le biologiste mieux que quiconque connait le prix et la fragilité de la vie : il lui revient donc d’instruire les hommes et identifier les menaces à la vie et leurs conditions de développement. Il doit aider au discernement de ce qui doit être sauvegardé.

Et c’est à l’appel de ces biologistes, qu’un certain nombre de personnalités ont répondu présentes pour fonder en juillet 1962 l’Institut de la Vie.

Son but : étudier les problèmes que posent à l’homme la conservation et le développement de la vie, ainsi que la mise en oeuvre de moyens qui peuvent contribuer à les résoudre. Programme ambitieux !

Parmi les initiateurs de ce projet figurent un professeur agrégé de biologie, Maurice Marois, et … mon grand-père, François de Clermont Tonnerre. Aventurier et amoureux de la terre, passionné d’agriculture – il sera exploitant en France dans la Somme – il mènera une carrière politique sous la bannière du parti agraire et des paysans français et se distinguera pendant la guerre 1939-45 en s’engageant activement dans la Résistance.

Il présidera par la suite le Comité français de la Fondation des anciens combattants du Monde fondé en 1959 et cette institution apportera son soutien, aux côtés de plusieurs personnalités étrangères aux premiers travaux de l’Institut. La mission envisagée est noble et avant-gardiste : du fait de l’universalité de son objet, l’Institut a alors vocation à être une sorte d’organisation mondiale rassemblant des hommes de tous pays et de toutes confessions pour une mise en commun de règles, principes, mises en garde au profit de la défense de la vie et de son développement.

C’est vrai que cette génération d’après-guerre savait sans doute mieux que nous ce que « survivre » voulait dire et quelle dimension attacher à la conjugaison de ce verbe pour en intégrer toute la noblesse.

Plus d’un demi-siècle plus tard, je salue les motivations de ces visionnaires responsables.

Aujourd’hui, pour nous citoyens nés « du bon côté de l’hémisphère », il est possible de s’enrichir de connaissances et de culture : la curiosité enthousiaste est un accélérateur de vie, et au-delà de « vivre » nous avons le pouvoir magique « d’exister ». L’art, la culture et la science constituent trois axes importants de cet enrichissement. A défaut de créer ou inventer nous-mêmes, soutenir et aider ceux qui ont le génie inventif, la capacité de créer et d’émouvoir est une façon de nous investir et de continuer à croire en l’Homme.

Si vous cherchez le mal parmi les hommes vous le trouverez ; si vous cherchez le bien, vous le trouverez aussi – Abraham Lincoln