15 Fév Humains naissent libres et égaux en dignité et en droits
Dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’article 1er dispose que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits, qu’ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns avec les autres dans un esprit de fraternité.
Proclamée et adoptée par l’Assemblée Générale de l’ONU le 10 décembre 1948, elle exprime une vision et une détermination propres à tenter de mettre un terme aux horreurs de la guerre dont le Monde sidéré tente alors de se remettre en posant les bases d’un avenir juste. Vaste programme !
Or, le Monde est injuste ! Nous voudrions tous croire à l’égalité entre les êtres humains… mais force est de constater que la nature même est injuste, que certains sont grands et d’autres petits, que la santé des uns peut être bonne et pour d’autres précaire, que pouvoir, argent, chance, talent sont inégalement répartis et sont le flagrant reflet d’une totale injustice.
Seule la mort semble rendre un semblant de « justice » en extrême fin de parcours… et encore..
Plusieurs initiatives humaines ont tenté d’injecter des solutions de justice dans ce tissu d’injustices.
Il en va ainsi de l’éducation pressentie comme susceptible de pouvoir agir sur les esprits, du sport capable d’agir sur les corps et la santé, des jeux de hasard ou de l’astrologie envisagés comme de possibles aiguillages vers la fortune…
Peut-on considérer qu’il y a eu réussite ?
Le monde reste peuplé de forts et de faibles, de chanceux et de malheureux.
La démocratie, en ce qu’elle rend à chacun un minuscule fragment de l’autorité publique, incarne un effort certain en matière de justice économique et sociale et demeure à coup sûr le moins mauvais des régimes.
L’invention de l’argent a été le plus puissant des accélérateurs de l’injustice.
On ne peut pas nier que son apparition a constitué un progrès immense sur le troc et un facteur définitif de développement économique et social, mais il est à la fois une bénédiction et une malédiction.
Officiellement, l’argent est la récompense du travail accompli, du talent, de l’effort. Mais sans chercher trop loin les exemples sont nombreux de travaux qui n’enrichissent personne et de hasards fortuits qui assurent la richesse de médiocres.
L’année 2019 a été marquée en France par le mouvement social et politique des Gilets Jaunes, expression devenue paroxysmique de la montée en puissance d’un profond malaise né du sentiment d’injustice au sein de la population. L’individualisation de la société a engendré une multiplication de catégories différentes auxquelles chacun est susceptible de s’identifier pour se croire habilité à revendiquer une injustice.
Une multitude de critères identitaires peuvent faire l’objet d’une revendication (couleur de peau, genre, lieu de vie, …) et sont venus s’ajouter aux catégories économiques traditionnelles.
S’en suit une multiplication de clivages rendant le débat public conflictuel et inaudible. La concurrence des revendications a un effet contre-productif : chacun trouve une bonne raison de penser qu’il est moins bien traité que l’autre ce qui augmente le sentiment d’injustice.
l’arrivée du Coronavirus et la situation d’urgence sanitaire qui en a découlé ont relégué ce mouvement au second plan sans pour autant en tarir la source. Il y a même fort à parier que ce virus pourrait aggraver la situation.
La crise a révélé des inégalités encore plus flagrantes tout au long des confinements et semi-confinements successifs et les situations de cumul d’inégalités alimentent les sentiments d’injustice.
Dans le discours public, on oppose deux paramètres d’évaluation qui sont « sauver des vies » d’un côté et l’économie de l’autre.
Vu comme ça, il est certain que la question ne se pose pas et conduit instinctivement à faire le choix de sacrifier l’économie.
Mais qui peut être vraiment en mesure de « sauver des vies »?
Une vie peut être prolongée, mais on ne la sauve pas au sens propre du terme.
En revanche, les mesures restrictives que les gouvernements entérinent afin de tenter d’endiguer la crise qui nous préoccupe, détruisent des vies.
L’analyse de la proportionnalité des mesures serait sans doute plus pertinente – ainsi que le souligne le philosophe Gaspard Koenig – si l’on s’attachait à comparer des critères comparables comme par exemple : vies sauvées/vies détruites.
Cette exigence de proportionnalité semble avoir disparu des radars de nos capitaines et cela rend sans doute plus difficilement compréhensibles/acceptables les décisions prises qui du coup paraissent imposées… et injustes.
l’ampleur de la tâche actuelle des gouvernements s’apparente à celle de Sisyphe et il n’est satisfaisant pour personne de pousser son rocher sans relâche.
La France reste le pays des Droits de l’Homme mais comme le dit Emmanuel Macron : « on sait chaque jour comment il aurait fallu faire pour gagner la guerre hier » ce qui n’aide pas à optimiser la gestion d’un quotidien complexe et à se départir de réactions traditionnelles dans un contexte qui ne l’est pas !