15 Jan Liberté, comment écrire ton nom …
Pour 2021 on aimerait parler de l’année de tous les possibles !
Au cours des mois écoulés, certains intellectuels- notamment français – ont dénoncé la « réduction de nos libertés » pour parler des restrictions et autres mesures entérinées pour tenter d’endiguer la propagation du virus de la Covid 19.
Emmanuel Macron a accordé un entretien à ce sujet pour fustiger – à juste titre – un « hyper relativisme contemporain ».
La liberté … vaste sujet inspirant qui aurait pu être celui de l’épreuve de philosophie de nos lointaines années de baccalauréat.
Aurions-nous dérivé en vieillissant jusqu’à faire de ce principe une sorte d’absolu sans contrainte ?
Nous avons tous été élevés dans l’idée que la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres, ce qui en d’autres termes revient à dire que l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel.
Revisité dans le contexte sanitaire qui nous préoccupe, cela reviendrait pour chacun d’entre nous à se dire que « ma liberté ne vaut rien si en faire usage revient à infecter l’autre ! »
Ce serait là le slogan d’un monde idéal dans lequel prédominerait la conscience pour chacun d’être responsable de tous.
A y regarder de près, les hommes, fiers et convaincus que leur pensée peut triompher et s’inscrire dans l’espace et le temps, se croient libres !
Mais dans le fond, cette liberté est encadrée par des exigences et des règles strictes qui ne peuvent être contournées : nous ne pouvons pas échapper à la mort, ni revenir en arrière.
Nous ne sommes pas libres de refuser notre propre naissance, d’être quelqu’un d’autre que nous-même.
En revanche, nous sommes libres d’agir ou de rester passifs, de conjuguer les verbes accepter ou refuser, d’améliorer l’image que nous avons de nous-même et que nous renvoyons aux autres, et dans une certaine mesure de forger notre destin.
Nous sommes en fait « libres d’être des êtres libres dans un monde implacable » et cela revient à choisir entre le bien et le mal ou le plus souvent entre le pire et le moins mauvais.
On pourrait emprunter à Friedrich Engels sa définition de la liberté qu’il considère être la capacité de reconnaître ce qui est nécessaire.
Car pour autant, vivre c’est aussi essayer d’éviter le pire, et contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, le pire n’est pas forcément la mort.
Être libre ce n’est pas rechercher le plaisir à tout prix ; ce peut être laisser parler la raison. C’est par exemple la résignation du fumeur qui cesse de fumer, l’écartèlement du patient entre les conséquences d’un mal qui le fera mourir et la lourdeur d’un traitement qui le fait souffrir.
Gouverner c’est prévoir dit-on.. En pratique cela revient souvent à choisir entre deux inconvénients.
Alors il convient de souligner la pertinence des propos du Président de la République française quand il précise que « pendant la crise sanitaire, ce que nous avons fait n’est pas une privation de libertés. Nous avons librement et collectivement consenti à réduire certaines de nos capacités à faire, à interagir pour protéger les autres ».
Et que dire de cette journée de chaos qui a ébranlé l’Amérique et donné une consternante image de détérioration de la démocratie…
Au vu des violences déployées par plusieurs centaines de sympathisants républicains envahissant le siège du Congrès à Washington, Abraham Lincoln a dû se retourner dans sa tombe !
Le respect des libertés publiques est au coeur même du fonctionnement de toute démocratie et l’Amérique se croyait un modèle du genre apte à en exporter le schéma.
Ces exactions commises dans un contexte sulfureux de résultats électoraux, où un perdant attise les braises de la frustration et galvanise ses partisans à la manière d’un dangereux pyromane, ont causé un vrai « dégât d’image » pour la démocratie américaine et mis à mal encore un plus l’acceptation du mot liberté.
L’indissociable corollaire de la liberté est la responsabilité : il s’agit là d’une stratégie universelle de vie qu’il faut (ré)apprendre à intégrer dans nos quotidiens respectifs.
La poésie a ce pouvoir d’émouvoir l’esprit avec les vers.
Je nous invite tous à relire Paul Eluard qui avait su trouver les mots pour en parler – en vraie connaissance de cause – mieux que personne * : Puissent- ils nous inspirer.. !
*Liberté j’écris ton nom – 1942